L’Heure n’est certainement pas à la polémique, tant le bilan est lourd. Dix soldats français tués au cours d’une embuscade tendue lundi par les talibans en Afghanistan, 21 blessés dont certains dans un état sérieux : c’est la journée la plus meurtrière pour l’armée depuis l’attentat du Drakkar, le QG des forces françaises à Beyrouth en 1983 (58 morts).
Une patrouille de reconnaissance est tombée sous le feu d’une centaine d’insurgés dans le district de Surobi à seulement 50 km de Kaboul. L’accrochage a duré de longues heures, l’aviation américaine intervenant même pour tenter d’aider les soldats français en grande difficulté dans cette région montagneuse.
Immense détresse Le ministre de la Défense, Hervé Morin, s’est empressé d’indiquer que les militaires tués ne faisaient pas partie des 700 hommes envoyés en renfort par Nicolas Sarkozy au début de l’été dans la région de Kapisa, un tout petit peu plus à l’est du pays. Sans doute pour éviter les critiques. Car cette décision présidentielle, prise il y a quelques mois, n’avait pas fait l’unanimité.
Fallait-il vraiment renforcer le dispositif français ? « Oui », avait expliqué Nicolas Sarkozy (qui sera dès ce matin dans la capitale afghane pour rencontrer Hamid Karzai et se recueillir sur les cercueils des soldats tués) car la lutte contre le terrorisme international passe par l’Afghanistan. Une volonté réaffirmée hier soir par le chef de l’Etat. « Non », rétorquaient les opposants, inquiets de l’alignement français sur les positions américaines et d’un possible enlisement dans un pays devenu aujourd’hui au moins aussi dangereux que l’Irak.
Maigre consolation, le général Jean-Louis Georgelin, chef d’état-major des armées, qui ne cachait pas son immense détresse, a annoncé hier qu’un « important chef de la rébellion talibane » figurait parmi les insurgés tués lors des combats.
Journée d'hommageCe jeudi, un hommage national aux militaires tués lundi en Afghanistan a été rendu aux Invalides, à Paris, en présence du président de la République, des membres du gouvernement et des proches des 10 soldats.